Stéphanie Le Galloudec sur la piste de la passion

par LSA IDF / 18 mars 2024 à 14:58 Mise à jour 18 mars 2024 à 16:09

"J'ai besoin de renvoyer de la confiance "

Le club d'Antony Athlétisme 92 et la Ville ont pris à bras le corps le projet du sport adapté pour l'inclure de bien belle manière dans son dispositif associatif. Fort de près de 600 licenciés, encadrés par 3 salariés et 25 entraîneurs, ce club créé en 1961 possède une âme. Rencontre avec la jeune présidente Stéphanie Le Galloudec. Portrait

Cela l'affiche... bien 


Sur les affiches de la campagne pour les droits des femmes, la Ville d'Antony a mis l'accent sur celles qui contribuent à donner une grandeur d'âme dans la réussite des différentes associations. Sur le beau portrait de la présidente de l'athlé cette phrase résume sa vie "S'affirmer pour être là où on ne vous attend pas." Et si on remontait le cours du temps pour décrypter plus en profondeur cette phrase sans toutefois prendre en défaut la retenue naturelle de Stéphanie ? Avec beaucoup de douceur dans la voix, d'hésitations légitimes pour parler d'elle et en recentrant sans cesse son discours sur l'apport des bénévoles, cette sportive au grand cœur lève le coin de voile comme un marin breton qui part pour une course au large. Et d'un seul coup, les embruns de la sincérité se déposent sur la belle piste connectée d'Antony, lieu d'entraînement du champion paralympique Charles-Antoine Kouakou et l'espoir Arthur Bellitto qui a bénéficié de l'accueil de ce club ô combien investi.

En entrant dans la danse 

(Une équipe de chic et de choc, solidaire)


En souriant à un passé pas aussi lointain que cela, du haut de ses 41 printemps, Stéphanie concède qu'elle a été une enfant très douce, calme et réservée :"J'étais timide mais cela s'est dissipé pendant l'adolescence." Le sport et la danse classique ont fait virevolter cette enfant sage de 9 à 15 ans :"J'ai trouvé un cadre, une rigueur, une ligne de conduite un peu stricte certes mais dont je n'ai jamais dérogé. J'ai adoré." Une prof stricte lui fait développer ce qu'elle appelle pudiquement "la justesse". Pas de fantaisie, de débordements mais de la concentration et du travail. Beaucoup de travail. "On ne me demandait pas de réfléchir mais d'appliquer." A l'adolescence, point de rébellion contre l'ordre établi sinon la découverte de la course et la volonté de jouer au tennis :"J'ai eu des problèmes de dos et il m'a fallu m'adapter ne me sentant pas trop à l'aise dans les sports collectifs. "

Le sport comme une nécessité vitale 


Le sport va être mis entre parenthèses avec son envie d'entrer dans la vie professionnelle. Un BTS lui permet d'ouvrir la porte du notariat qu'elle n'a jamais refermé depuis 22 ans. Stable dans ses émotions, sa conduite de femme et son sens du travail, elle s'épanouit mais le désir de pratiquer la prend doucement par le bras par le biais de la course :"J'ai besoin d'évacuer mes 2 h de transport et mes 8 heures assise sur une chaise. J'aime courir toute seule, m'évader dans mes pensées. " Arrivée à Antony en 2012 elle poursuit son activité physique seule mais s'inscrit au forum des associations en 2017 en s'incrivant au club de running.  " A raison de 3 séances par semaine elle s'ouvre à la pratique "Un équilibre pour la tête et le corps, je suis malheureuse sans sport même s'il est difficile de se motiver quand le temps n'est pas engageant. Je n'ai pas un tempérament à rester les bras croisés en attendant que la vie  passe. Le sport devrait être une obligation."

La confiance du club et de la ville d'Antony

(Lors des Oscars du sport, près de Vincent Clarico, Charles-Antoine Kouakou et Jean-Yves SÉNANT maire d'Antony.)

Dynamique, ouverte aux autres, possédant une tête bien accrochée sur ses épaules la jeune femme dégage une belle harmonie, elle est invitée il y a six ans par le président de l'athlé pour rejoindre le comité directeur. Passée la surprise Stéphanie met un orteil de sa basket dans l'engrenage :" Je me suis dis pourquoi pas mais quand je m'investis, je le fait vraiment. J'ai été piquée par la passion et j'ai pris goût." Mathieu, le responsable cherche à transmettre le flambeau de la présidence :"J'ai d'abord refusé cette folle proposition moi qui n'étais pas du sérail puis j'ai réfléchi et je me suis pris au jeu en 2020. Je ne veux pas faire de la figuration juste pour avoir mon nom en haut de la liste. C'était toutefois un honneur avec cette confiance donnée et je ne veux pas me louper en étant à la hauteur. Le maire Jean-Yves Sénant puis Patrick Reynier le conseiller délégué ont su me rerssuré. C'est la passion qui fait vibrer."

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" On décide de manière collégiale " 

 
En s'appuyant sur une équipe compétente, ouverte elle enrichit ses connaissances, suit de multiples formations :"Rien ne peut être possible sans cette équipe de dirigeants qui sécurisent l'ensemble." Soucieuse de l'équilibre du groupe, Stéphanie colle à la réalité de la démocratie :" Je ne prends pas de décisions seule, on décide ensemble avec le comité directeur et après j'assume face au groupe même si les décisions ne sont pas faciles à faire passer. C'est un principe qui fait que le club se porte bien avec un respect de chacun, des jeunes et la formation qui amène des entraîneurs tous diplômés. J'ai besoin de renvoyer de la confiance."

( En compagnie du président de la Ligue sport adapté Bruno Hennebelle)

En assumant ses responsabilités 


Pas facile de trouver un équilibre de vie entre la famille, le travail et le club :"Le club me prend beaucoup de temps mais il n'est pas question de subir ma présidence. Je ne fais pas tout bien mais j'ai à coeur de bien faire." La fonction est enrichissante en apprenant de chacun en composant suivant les personnalités et puis ce sens du partage, une valeur essentielle :"J'aime ce contact et je n'ai pas peur de prendre mes responsabilités "

Un champion paralympique pour la fierté d'un club 

(Une inauguration qui donne le sourire au champion paralympique)

Et très vite, la présidente a ouvert la porte au sport adapté avec l'aide d'Elisa Girard responsable de la section para athlétisme et deux grands entraîneurs avec Vincent Clarico qui a emmené Charles-Antoine au titre suprême et Thomas Rouyer qui met en place la montée en puissance d'Arthur Bellitto. "La mairie pousse derrière nous et cela nous apporte un bien fou d'avoir ces jeunes. Il faut élargir le cercle. Quand on voit les progrès de Charles-Antoine Kouakou sur la piste mais aussi dans son attitude, cela met les larmes aux yeux. Vincent est exigeant et pleinement investi en gérant jusqu'à son quotidien. Un grand monsieur que nous sommes fiers d'avoir à Antony. Sans lui, il n'y aurait pas eu la médaille de Tokyo."

"Il faudrait plus de femmes présidentes " 


Avec un large sourire, la présidente ne regrette en rien sa décision de s'être lancée dans cette bataille :" Cette mission m'apporte beaucoup. J'apprends chaque jour avec mon équipe." Petite respiration de cette coureuse avant de concéder "je suis épanouie. Il faudrait plus de femmes présidentes. C'est réalisable, il suffit d'oser et de ne pas se brider."
Visiblement sans bride au cou, la jolie brunette continue d'arpenter la piste comme un cheval en liberté. Bâtir, c'est combattre cette profonde conscience de l'éphémère. Pas de début et pas de fin pour cette passion de la vie. Le positif attire toujours le positif. Une raison de la réussite d'Antony Athlétisme 92.

Pascal Pioppi    
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