Patrick Fray-Lacoste, le grimpeur partageur.

par LSA IDF / 18 janv. 2021 à 10:14 Mise à jour 5 févr. 2021 à 15:21

[PORTRAIT]

Patrick Fray-Lacoste, le grimpeur partageur

Il y a des enfants qui, en classe, ont souvent la tête dans les nuages. Pas le cas du petit Patrick, élève assidu, attentif et très sage :
" J'étais du genre premier de la classe et, après une prépa scientifique, je voulais travailler dans la recherche pour la chimie des eaux."
En fin de compte cela sera l'informatique chez Bull.
Cet homme de projets, bifurque vers la BNP pour mettre en place son système de messagerie.
Deux axes professionnels pour cet homme fidèle à ses principes qui bénéficie aujourd'hui d'un programme mécénat de compétences mis en place par BNP Paribas. Une occasion pour ce sportif de découvrir les joies de l'enseignement à la Ligue Ile-de-France sport adapté par le biais de son activité favorite : l'escalade :
" J'ai découvert la grimpe à Fontainebleau quand j'avais 20 ans puis j'ai évolué vers la falaise et les grandes voies aux Calanques."
Une manière de prendre de la hauteur.
Accroché à son relais, libre avec le seul sifflement du vent dans les oreilles il apprécie :
"C'est un bonheur contemplatif : quoi de mieux que de se fondre dans le paysage à 150 m accroché dans le vide. "

- Un transmetteur de passions -

Une certaine appréhension mise de côté progressivement, il reste cette concentration indispensable pour exécuter le geste juste et qui fait disparaitre les petits tracas quotidiens :
" C'est aussi le bonheur d'évoluer entre copains, de partager ces instants. "
Mais comment s'est fait cette bascule entre le pur plaisir et la transmission au service du sport adapté.

"La banane jusqu'aux oreilles "

" J'ai très tôt fait grimper mon fils autiste et j'ai tout de suite vu que ça lui faisait plaisir. "
En passant ses diplômes fédéraux, Patrick affine son approche, se lance à Chanteloup les Vignes avec le club "Graines de félins " :
"Cela a matché. Il y a un vrai besoin d'activités pour les personnes handicapées mentales. Dans les séances il règne une bonne ambiance, c'est gratifiant pour eux mais aussi pour les adultes accompagnants. Quand ils sont en haut avec la banane jusqu'aux oreilles, c'est chouette. Je me sens utile avec eux."
Calme, à l'écoute de l'autre, simple dans ses choix de vie, l'éducateur caresse un rêve, celui d'emmener son fiston Antoine sur une grande voie. Du domaine du possible surtout que la retraite approchant à grands pas, Patrick va pouvoir s'adonner à sa passion, lui l'amoureux des grands espaces, du ski, du vélo... Mais que se passera-t-il quand ce sportif dynamique aura du mal à se hisser en haut des montagnes ? :
" C'est amusant : j'y réfléchissais un jour après une voie à la Sainte-Victoire quand deux papys parapentistes se sont posés devant mes yeux. La voilà ma prochaine expérience. "
Ne plus monter mais voler avec cette émotion que l'on voudrait sans fin et cette douce sensation d'échapper au monde lourd en bas de la paroi. Apprivoiser ce silence si doux qui envahit peu à peu ce grimpeur prenant de l'altitude sur sa vie. Pas de quoi en faire une montagne pour ce transmetteur de passions maitrisées.
Pascal Pioppi

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