Patrick Cantayre, le sens de l'équipe

par LSA IDF / 27 sept. 2022 à 10:15 Mise à jour 27 sept. 2022 à 10:40

Quand un Gascon met l'accent sur le sport adapté

Son accent chantant trahi une enfance passée loin de nos terres franciliennes. Patrick Cantayre en bon Gascon met cette fois l'accent vers son petit village Monflanquin situé dans le beau pays du Lot et Garonne :"C'était le berceau de notre famille que j'ai quitté vers 18 ans pour aller à Cahors où j'ai eu mon diplôme comptable." Avant les choses sérieuses de la vie professionnelle, le jeune a profité pleinement d'une existence placée sous le signe de la camaraderie et du sport bien entendu dans ce Sud-Ouest où il est conseillé d'entrer dans une équipe de rugby comme d'autres le font en religion. " Il n'y avait qu'un seul sport par chez nous. C'était une famille avec un esprit de camaraderie pour aller tous ensemble dans un même but. J'aimais partager ces moments avec les copains."

(Patrick, son fils Nikolas ainsi que Bruno Hennebelle avec Jean-François Parigi le président du Conseil départemental du 77 le 14 juillet 2022)

Un talonneur qui montre le chemin

 Dans la mêlée, Patrick tient une place particulière, celle de talonneur :" J'étais au centre du jeu, de cette mêlée où il se passait des choses car les matches étaient engagés. L'adversaire c'était avant tout le village voisin. Une lutte de clocher. On défendait jusqu'au bout les couleurs de notre village." Avec beaucoup de recul, Patrick revient sur le fair-play un brin imposé :" J'avais un oncle arbitre qui surveillait ma tenue ce qui m'obligeait à respecter les règles sinon c'était une sévère remontée de bretelles en revenant à la maison. Mon frère était moins respectueux" s'amuse y-il encore.

La fidélité fait partie de la panoplie de cet homme droit. Il ne connaitra qu'un seul sport en maniant la balle ovale en allant jouer ensuite à Cahors, pays du "sanglier" Alfred Roques, l'un des piliers indestructibles du XV de France avec 30 sélections et 4 tournois gagnés. " A Cahors j'ai moins joué car c'était une Fédérale 2".

Des chiffres et des êtres !

A 21 ans, place au travail au service comptable d'une société automobile pendant 6 ans. L'usine ferme et place à la gestion d'une cave vinicole. Le sport va permettre un rapprochement avec sa future épouse, prof de gym et entraîneur de gym à Vitry. Fini le rugby et place à un emploi à la FSGT avant de se lancer dans l'informatique en montant une entreprise avec des copains. Nouveau déménagement mais plus court de la Porte de Vincennes à Lognes dans le 77 en 1985. Patrick va bifurquer vers le sport adapté :" Mon fils est né en 89. Trisomique, il a été scolarisé à l'IME de la Gabrielle en commençant de suite le judo. Il aimait cela et a obtenu sa ceinture noire à St-Thibault. Je me suis intéressé à sa progression et à son amour du sport qui lui a beaucoup appris" Papa attentif, Patrick le rugbyman, va entrer lui aussi dans la mêlée :" NiKolas a été champion de France minime, cadet, junior et s'entraînait alors à Claye-Souilly avec Serge Marteau. En l'amenant j'ai mis un pied dans le sport adapté. Le sport amène de l'épanouissement, des progrès, de la sociabilisation. J'ai apporté ma modeste contribution car j'ai été complètement séduit. "

 La rencontre avec Bruno Hennebelle

(Le champion paralympique francilien en compagnie de J-Pierre Duluc, Bruno Hennebelle et Patrick Cantayre au salon de l'AMIF)

Et puis une rencontre va déclencher un engagement encore plus grand avec celle de Bruno Hennebelle à Hautefeuille : "Ce gars-là, on a envie de le suivre tant il est investi. On ne peut que l'aider dans sa démarche car il a la gnac comme on disait dans le sud-ouest quand on poussait tous ensemble en mêlée. "

Membre du Comité CDSA 77, et du comité directeur, Patrick le comptable prend la trésorerie au départ d'Eric Poquet. Bruno Hennebelle prend lui les rênes de la Ligue sport adapté : "Je venais d'être en retraite et je lui ai donné un coup de main." Quelques années après, passation de pouvoir au CDSA 77 où Bruno lui laisse les commandes il y a un mois :" Reprendre derrière lui demande de s'imprégner de ce travail important réalisé. Bruno est un passeur, il m'a juste dit de mettre ma touche personnelle. J'ai trouvé ma place."

" J'ai toujours aimé les choses carrées "

 L'ancien chef d'entreprise, qui possède la confiance du "boss", applique ses méthodes avec justesse mais aussi cette volonté de fermeté :" En tant que comptable j'ai toujours aimé les choses carrées et je ne déroge pas à un fonctionnement droit et honnête. Je suis ouvert et j'aime cet esprit collégial pour faire avancer les choses. On se doit de respecter les aides des collectivités locales et l'Etat qui nous aident. On doit gérer avec rigueur et rendre des comptes."

Homme de terrain comme il l'était sur le pré vert, le nouveau président du CDSA 77 aime se déplacer mais aussi discuter lors des forums, dans les mairies... "Cela prend certes beaucoup de temps et d'énergie mais il faut être présent et continuer le travail de fond lancé dans notre département par Bruno." Il lui faut du temps pour discuter et des échanges pour prendre le temps de réflexion.

Une nouvelle dynamique

Fonceur, il est aussi posé en pesant les besoins et les implications. " Partir derrière Bruno assure une certaine tranquillité car il a posé les fondations et il me reste à poser les pierres pour continuer. On a réussi à relancer au niveau des clubs et du département. Profitons ensemble de cette nouvelle dynamique."

Avec son sourire engageant, Patrick ne veut pas faire de la figuration :" Comme au rugby quand on y va c'est pour gagner. On doit foncer et quand se présente un obstacle il y a toujours possibilité de l'éviter sans y aller tête baissée. Et puis quand une porte est fermée qu'est-ce qui interdit de rentrer par la fenêtre. " souligne-t-il en riant de bon cœur. Le sport adapté, souvent fragile de son talon d'Achille " le visible se voit, l'invisible beaucoup moins " a trouvé un ancien talonneur qui n'hésitera pas à baisser la tête pour gagner sans cesse du terrain. A 70 balais, comme le fameux Alfredo Roques de son Cahors d'antan, Patrick est prêt à relever, non plus les mêlées mais les défis pour le bien être des pratiquants du sport adapté qu'il aime tant. Les émotions varient avec les âges. Ce dirigeant est prêt à leur donner en offrande, sa vérité.  

Pascal Pioppi
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