La vie est une valse et il faut valser avec elle. Il y a des semaines à marquer d'une pierre blanche Celles qui permettent de sourire à la vie. Celle vécue par Maëllys Dréan n'est pas commune et frise l'exceptionnel : "Je suis la première surprise car tout est arrivé d'un coup, mes deux rêves se sont réalisés. Waouh, j'ai vraiment du mal à le croire" glisse souriante la nageuse au bord du bassin de la piscine de Claye-Souilly où elle vient de finir son entraînement.
La championne a repris l'entraînement à Claye-Souilly)
'Je visais une seule médaille d'or "
Radieuse, amusante, disponible et attentive la championne s'est déjà remise dans le bain quelques jours après ses exploits des Global Games de Vichy. Il faut dire que cette pétillante jeune fille de 18 ans a frappé fort. Très fort :" J'étais un peu dans l'inconnue car c'était mon premier rendez-vous avec le sport adapté à ce niveau. J'ambitionnais de faire une médaille d'or sur le 800 m, ma spécialité." Même son de cloche mais en un peu plus ambitieux pour son entraîneur expérimenté Brice Lhermite : " On partait sur les bases d'un titre sur le 200-400 ou 800 m. Pas facile d'enchaîner les courses pour ce sport dur et parfois ingrat."
(Une semaine magique à Vichy)
" J'ai adoré cette semaine à Vichy "
Le résultat va dépasser les espérances dans ces Jeux mondiaux ouverts à une trentaine de pays. La concurrence est rude dans cette catégorie II3. Bien préparée lors d'un stage profitable avec le Pôle France quelques jours avant Vichy "j'ai adoré ce rassemblement qui a été plus que profitable pour faire connaissance avec les enjeux mais aussi l'encadrement, mes copines d'entraînement, le contexte. Tout cela rassure. " Il faut croire que la mise en confiance a été réussie au plus haut point car après sa première course victorieuse sur sa distance préférée du 800 m, Maëllys va glaner le 50 m, 100m, 400m. Le panier aux médailles se remplit avec à chaque fois la petite mascotte. Et elle continue sur sa lancée avec le 1500m et cerise sur le gâteau une médaille d'argent avec le relais de l'équipe de France. N'en jetez plus la corbeille est pleine avec en supplément quelques émotions fortes sur le podium : "C'est quelque chose de monter sur le podium quand retentit la Marseillaise. J'ai profité du moment et en chantant, j'ai été prise par l'émotion en cherchant des yeux mes parents mes plus grands fans et mon entraîneur. Le cœur bat plus vite et j'ai pensé aux bons moments et aux mauvais de ma jeune vie. Franchement, ce podium donne envie d'y retourner et de rechanter l'hymne. "
Il faut croire que ce podium a été un refuge sécurisant pour celle qui nage depuis l'âge de 4 ans et demi :"J'ai commencé très jeune la natation avec papa en mer. J'étais déjà une nageuse d'eau libre" s'amuse-telle elle qui s'est spécialisée sur le 5 et 10 km en compétition. Toute petite elle ne va pas toutefois nager dans le bonheur en pratiquant et en devant arrêter la danse :" Je souffrais de dyspraxie. " Ce trouble du dysfonctionnement de la zone cérébrale qui commande la motricité va la suivre dans sa jeunesse. La natation va atténuer les troubles du spectre autistique en calmant son hyperactivité. Ses parents, aimants et attentionnés vont mieux comprendre ses réactions et cette sensibilité à 14 ans quand elle est diagnostiquée TSA :" On a fait différemment et cela a été un soulagement pour aborder les sujets de vie. Et puis il y a eu cette passion pour la natation." souligne sa maman Sophie sa première supportrice avec le papa Alain qui lui a donné le virus.
Tout se débloque avec le sport vecteur d'équilibre "Je commence à mieux me connaitre en prenant en charge toutes les données au niveau alimentation, sommeil et aussi maintenant de savoir dire stop quand j'ai mal."
(Une jolie collection ! )
Après Gagny, Chelles, Maëllys a trouvé un havre de paix et de sérénité à Claye-Souilly avec son coach Brice qui maîtrise sa progression mais aussi son bien-être : " C'est important d'être entourée. A Vichy, même si j'ai été dans ma bulle 7 jours je regardais discrètement vers mes parents et je me disais que je n'étais pas seule."
Rassurée, elle va se donner à fond sans aucune restriction :"J'étais centrée sur moi pendant ces deux semaines et lors des Global Games. J'avais besoin d'être au calme pour ma sérénité. J'avais toujours ce même stress mais j'ai réussi à gérer et grâce aux kinés, mon corps qui, pourtant, malmené par toutes les courses s'est relâché avec les massages sur les épaules, les cuisses qui ont été sollicitées. C'est l'avantage de ne pas être seule
et de partager le savoir des autres. "
(La championne avec sa maman, son entraîneur et le président de Claye-Souilly)
Après 10 ans de compétition cette jeune fille souriante vit son sport comme un rendez-vous fixé avec sa passion. Les transports pour venir s'entraîner sont vécus comme une joie avant de se jeter à l'eau :" C'est un sport dur où il faut se transformer en robot pour avaler les deux heures d'entraînement chaque jour du lundi au vendredi." Pour mettre un brin de sel supplémentaire, place à l'eau libre mais là avec des compétitions sur 5 et 10 km. Une sacrée ration à avaler ! :" J'adore cette notion de liberté que l'on peut avoir en mer ou en lac. Mon but est tout simple : progresser chaque jour un peu plus. " Mais comment avaler de telles distances, voilà un souci que la blondinette n'a pas :" L'eau libre c'est un autre monde et nécessite un gros travail. Cela fortifie l'esprit et le corps et améliore le mental. Un moyen avec un mental plus fort de mieux se connaître."
" Je me suis mis beaucoup de profs à dos "
Volontaire la nageuse est aussi une cérébrale. Une fille studieuse : "Je suis assez solitaire mais très sociable. J'ai eu beaucoup de facilités à l'école ce qui me permets de ne pas être à fond sur les révisions et de bien cloisonner avec mon sport. Disons que je suis une élève studieuse. La moitié du travail est faite en écoutant en cours." En plein dans le Bac, la confiance est aussi de mise :" Je vais tenter d'aller décrocher une mention bien ou très bien. Dans ma scolarité je me suis mis beaucoup de profs à dos mais je trouve des solutions pour travailler autrement et efficacement. J'ai la particularité de beaucoup penser. Mon cerveau travaille sans cesse" s'amuse-t-elle. A l'aise dans la discussion Maëllys pousse les pions de la réflexion en souriant : " Avec mes troubles je ne rentre pas dans les lignes, à part celle du bassin. Je dois être unique car je ne rentre pas dans les cases mais par contre j'ai besoin que l'on me recadre. A Vichy j'ai été moi-même et je suis rentrée différente avec cette expérience unique. Je me suis rassurée."
Comble de bonheur dans cette semaine magique une autre bonne nouvelle est tombée avec l'obtention du droit de suivre ses études de médecine à la rentrée :" J'en rêve depuis toute petite avec des résultats en natation. Titres mondiaux et fac de médecine sont venus en même temps. C'est magique même si je sais que vais devoir m'adapter au jour le jour pour la natation car il va me falloir bosser dur en études."
Un bon club à Claye-Souilly
Les Jeux paralympiques de Paris 2024 ne sont pas à l'ordre du jour car la catégorie II3 des troubles autistiques n'est pas reconnue. "Cela sera peut-être aux Jeux de Los Angeles donc on va travailler pour. "
Pour l'heure place bientôt aux vacances méritées avec quelques rendez-vous nationaux en eau libre. :" A Claye-Souilly j'ai trouvé ma place dans ce club qui m'accueille depuis janvier. Je m'y sens bien." On pourrait ajouter ... comme un poisson dans l'eau et résoudre l'amusant problème de savoir où ranger les 7 médailles, la mascotte, la tenue de l'équipe de France... "Dans ma chambre bien entendu. " sourit la championne qui devra peut-être suivre les conseils de maman pour bien ordonner les affaires. Visiblement pas le souci premier de cette fille qui a besoin, là aussi d'un univers bien à elle.
Pascal Pioppi