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Un livre qui fera date

Marc Bellitto s'est lancé dans une entreprise considérable en collectant des quantités d'informations sur le sport adapté. Ce livre, qui va bientôt sortir, sera une bible pour les athlètes mais aussi les institutions. Un sacré travail. Marc revient sur sa motivation et le contenu de cet ouvrage de "haut niveau". 

Marc Bellitto -  51 ans -  Habite à  Chambourcy (Yvelines) - Etudes  :  HEC - Situation de famille  :  divorcé, 1 enfant - Profession :   ancien diplomate et  fonctionnaire international – arrêt pour s’occuper de son enfant Arthur

 - Ouvrages déjà parus  : « Une histoire du Sénégal et de ses entreprises publiques » (2000), « Sport et handicap psychique – Penser le sport autrement » (ouvrage collectif sous la direction de R. Compte et I. Caby, 2017). Revues scientifiques : « Tribulations d’un enfant autiste des deux côtés de l’Atlantique » dans la Revue francophone d’orthoptie, numéro spécial autisme (2016)

(Photo Arthur Bellitto lors d'un stage d'athlétisme au Pôle para athlétisme)

1. Quelle a été la motivation première pour se lancer dans un tel travail de recherches ?

Au départ, l’idée était de collecter des données pour répondre à des questions concernant une possible carrière sportive pour mon fils Arthur : à quel âge démarre une carrière para sportive adaptée, combien de temps peut-elle durer et peut-on bâtir un véritable projet de vie autour, quel est le niveau de performance des meilleurs et comment l’atteindre ... ?

Puis, en voyant les difficultés de certains de nos anciens para sportifs adaptés à se "reconvertir" en fin de carrière et à tourner la page, je me suis dit qu’il fallait absolument écrire leur histoire pour les y aider. De personnel le projet est alors devenu collectif.

2. Combien de temps a t-il fallu pour collecter, les infos, photos et mettre le tout en pages ?

Une année complète rien que pour la mise en place de la base de données et son exploitation. Puis une année de plus pour la rédaction à proprement parler, la mise en page, les échanges avec les sportifs, et surtout la recherche de photos très chronophage car inédite pour moi.

(Extrait du livre) 

3. Quelles sont vos attaches au sport adapté ?

Mon fils Arthur évidemment, sportif de haut niveau autiste (15 ans) qui a rejoint l’équipe de France paralympique l’année dernière (demi-fond). Son rêve depuis plusieurs années c’est d’aller aux Jeux paralympiques pour remporter l’or afin que Michaël Phelps -son idole absolue- puisse lui remettre sa médaille.

Autour d’Arthur, il y a bien sûr les clubs et les entourages des autres para sportifs adaptés qu’Arthur côtoie au quotidien, qu’ils soient de haut niveau ou non. C’est l’occasion de nombreux échanges, très utiles car l’autisme isole beaucoup.

Et occasionnellement j’interviens dans mes domaines d’expertise auprès de la FFSA. Tout récemment, le mois dernier, au sujet de l’utilisation des données et d’outils permettant de mieux appréhender la haute performance. Il y a quelques années de cela, sur les questions internationales en lien avec le développement de la confédération francophone de sports adaptés.

4. Quels sont les principaux chapitres abordés ?

L’ouvrage démarre avec une présentation du mouvement para sportif mondial, et de la place que le para sport adapté y occupe au fil des années. Très rapidement se met en place la partie historique descriptive, qui occupe les quatre cinquièmes du livre (y compris les fiches techniques de certains sportifs). Elle se décline dans chacune des dix-sept disciplines pratiquées en compétition internationale. Le troisième chapitre analyse les niveaux de performance relatifs du para sport adapté, en détaillant ses spécificités ainsi que ce qu’il a en partage avec le sport valide.

La dernière section, dite nationale, est consacrée à la France. Elle rappelle les principales étapes de l’organisation d’une filière nationale de haut niveau pour le para sport adapté, ainsi que le parcours de nos Bleu(e)s sur la scène internationale. Une cartographie des clubs et régions qui alimentent nos équipes de France est dressée. Des fiches techniques sont également proposées pour la plupart de nos champions tricolores, et les meilleures performances françaises sont répertoriées par âges et par classes de handicap.

5. A qui s'adresse cette "bible " du sport adapté ?

L’ouvrage s’adresse d’abord aux para sportifs adaptés de haut niveau, issus de tous les continents, pour rendre compte de leurs exploits et leur dire merci. Cette histoire est la leur, et le récit rétablit une existence biographique qui leur a parfois fait défaut.

En second lieu, le livre s’adresse aux clubs. Les clubs qui ont déjà dans leurs rangs des para sportifs adaptés de haut niveau et leur entourage, si impliqué et essentiel pour les remercier également car ils sont au cœur du système, mais aussi pour leur proposer des outils et références pour accompagner le développement de la performance. Les clubs qui n’ont pas de para sportifs adaptés de haut niveau ne sont pas oubliés surtout ceux qui ignorent en avoir, car ils sont les plus nombreux. L'idée étant de faciliter le travail de détection tout en leur présentant la filière nationale de haut niveau et l’organisation des circuits internationaux.

Enfin, à deux ans des Jeux paralympiques de Paris 2024, et à moins d’un an des Global Games de Vichy 2023 (leur équivalent pour le handicap psychique et mental), il s’agit aussi de contribuer à une meilleure connaissance par le grand public des enjeux et performances du para sport adapté de haut niveau. Les commentateurs pourront trouver dans l’ouvrage toutes sortes d’informations et de références (statistiques, mais pas seulement) utiles à une bonne compréhension de ces évènements planétaires.

6. Les principales difficultés pour se lancer dans une telle entreprise ?

La disponibilité d’abord, pour mener seul une tâche aussi titanesque à son terme, en ayant par ailleurs la responsabilité d’un jeune para sportif adapté de haut niveau. Avec toutes les difficultés que cela implique dans la vie quotidienne (gestion du parcours éducatif et thérapeutique, déplacements nationaux et internationaux, etc.), surtout dans un contexte pandémique marqué par beaucoup d’incertitude et des confinements successifs.

En second lieu, une certaine opacité du secteur et la fiabilité relative des sources, qui a été pour moi une surprise. Il a donc fallu s’adapter en redoublant d’effort sur le travail de vérification et de recoupement, bien plus important qu’initialement prévu. Il a même fallu trouver des alternatives à une information parfois inexistante ou indisponible, comme le recours au système des meilleures performances en remplacement des records nationaux pas toujours tenus ou diffusés.

7. Ce livre a-t-il été par la force de toutes les données recherchées une sorte de pari un peu fou ?

Un peu évidemment, surtout lorsque l’entreprise est individuelle car le risque est plus grand. Il faut toutefois relativiser en se souvenant d’abord que cette histoire n’est encore vieille que d’une trentaine d’années. Et puis j’avais déjà une solide expérience professionnelle du montage de telles bases de données avant de me lancer dans ce projet. Je l’ai fait à de multiples reprises auparavant, dans des secteurs très différents. Sans compter que depuis mon précédent ouvrage historique (sur le Sénégal), il y a vingt ans, les outils numériques modernes ont totalement transformé le processus de recherche et de collecte d’informations et de données.

8. Quelle vie souhaitez-vous à votre ouvrage ?

Déjà qu’il soit bien reçu par celles et ceux dont il conte l’histoire. Evidemment, il n’est pas possible de consacrer un chapitre ou une photo à chacun, mais plus de 2.600 d’entre eux y retrouveront au moins leur nom et la synthèse de leur bilan sportif avec les classements.

Ensuite, pour donner tout son sens à cette formidable histoire, il faut que le livre soit lu par le plus grand nombre, en France et ailleurs, mais aussi qu’il soit référencé dans les bibliothèques des clubs et des CREPS et leurs équivalents étrangers.

Idéalement, il faudrait que l’ouvrage puisse vivre sa vie et évoluer, avec dans quelques années une édition polonaise, portugaise, anglaise ou espagnole, … si les fédérations concernées le souhaitent.

Enfin, il faut espérer que cet exercice indépendant de transparence et de plaidoyer contribue à sensibiliser les décideurs pour faire progresser les grandes causes du moment. Il faut absolument réhabiliter ce rêve trahi de Jeux paralympiques véritablement représentatifs de tous les handicaps, avec un sport adapté représenté en juste proportion et dans toute sa diversité (avec les sportifs trisomiques et autistes de haut niveau), mais aussi les sportifs sourds et malentendants.

9. Comment se sent on lorsque le livre paraît enfin ? 

Je vous le dirai avec plus de certitude dans quelques semaines, quand l’ouvrage sera véritablement mis à la vente. Soulagé forcément, mais aussi satisfait du produit fini avec un beau livre bien illustré. Ensuite, le temps ne s’arrête pas et il faut rapidement passer à autre chose … avant peut être d’y revenir, sous une forme ou une autre et si la demande est là. L’avenir nous le dira.

Propos recueillis par Pascal Pioppi

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Sortie du livre fin novembre : https://publish.monbeaulivre.fr/marcbellitto)

https://publish.monbeaulivre.fr/marcbellitto)

 (Extrait du livre sur la natation féminine)