Fabien Paillard, fidèle au 9-3

par LSA IDF / 23 sept. 2022 à 09:05 Mise à jour 27 sept. 2022 à 09:11

Fabien Paillard (président du CDSA 93)

----------------------------

Qui ne connaît pas la stature imposante de Fabien Paillard dans le département de la Seine-Saint-Denis ? Ses 205 centimètres et son sourire engageant représentent un phare pour celui qui voue une réelle tendresse à son département :"J'ai toujours vécu depuis ma tendre enfance dans le 93. Je suis né à St-Denis et j'y ai passé une jeunesse heureuse. J'y travaille toujours." Fabien se sent à l'aise dans ce périmètre qu'il connaît parfaitement :"J'ai arrêté l'école très tôt sans véritables perspectives à part le choix de quelques BEP. Il faut dire aussi que je n'étais pas trop motivé"

 Le sport sera une soupape d'oxygène pour celui qui fréquence les écoles multisports du 93 à St Denis :" J'ai commencé par l'athlétisme au stade Delaune, qui a reçu les plus grands athlètes mondiaux comme le perchiste Bubka, le sauteur en hauteur Santomayor, l'immense sprinter Carl Lewis. L'enfant que j'étais avait les yeux qui brillaient en regardant ces personnages. Cela booste un gosse et lui permet de rêver."

Ses 2m 05 au service du basket

Après 10 bonnes années à fréquenter les pistes, place au basket ce qui correspond à un choix logique avec sa taille peu commune pour un jeune homme de 17 ans :"Je n'avais jamais joué mais je savais courir, sauter. J'ai été sélectionné à l'INSEP à 18 ans en fréquentant l'équipe de Bondy pendant une dizaine d'années. Le club est monté ensuite en Ligue pro et je suis resté fidèle avec des montées en N2 puis N1. J'avais un contrat semi-pro."

La carrière de basketteur est parfois aléatoire. Fabien assure par un emploi au conseil départemental du 93 "J'ai suivi des formations, passé des concours et suis devenu fonctionnaire. C'est aussi une autre manière de voir et de faire faire du sport." Fabien est un homme de parole, éduqué dans le respect et la tolérance :" J'aurai pu répondre à des demandes extérieures concernant le sport mais je n'ai jamais oublié que le 93 s'est intéressé à moi et m'a donné indirectement à manger d'où ma fidélité à mon département. J'y suis né, j'y reste." souligne cet ambassadeur du sport :" Le basket ne m'a pas passionné plus que cela comme joueur. J'ai passé mes diplômes d'entraîneur mais cela ne me faisait pas vibrer pour autant."

(Fabien lors du championnat de France de para équitation à La Courneuve)

La belle rencontre avec Bruno Hennebelle

Le grand Fabien va déployer son double mètre pour mesurer la chance d'obtenir un équilibre de vie :" Bruno Hennebelle est venu me chercher pour me présenter le sport adapté. J'ai été touché par ces situations de handicap. J'ai trouvé cela passionnant pour travailler afin de débloquer des situations. J'ai bossé à l'AEDE et là j'ai pris une claque dans la tronche en voyant le sourire en réponse à nos propositions."

 Fabien regarde, écoute et s'investit de suite avec cet échange productif :"Je n'ai jamais vu des personnes prendre autant de plaisir sur un terrain de sport." Il s'engage sur une mission dans son 93 et ne lassera jamais :" Attention, c'est un métier dur, j'y ai laissé 10 kg et on peut vite se démotiver. Les gens du milieu ordinaire n'en prennent pas toujours conscience mais le sport est un outil de valorisation fabuleux. En les encourageant on les valorise et ils deviennent d'un coup des personnages importants en étant enfin visibles par cette socialisation. Eux qui ont été souvent et même toujours ignorés réalisent leur passion en devenant acteurs et actifs par le biais d'un apprentissage qui débouche sur des championnats, des clubs, des comités."

Très respectueux des bénévoles

La voie est tracée pour l'actuel président du Comité Départemental Sport adapté 93 :'J'ai fait la rencontre de gens fabuleux, des dirigeants qui méritent le respect comme Jean-Pierre Duluc, Hervé Jacob et bien d'autres. Cela fait plus de 30 piges qu'ils tiennent leur association à bout de bras. Ils n'ont aucun intérêt particulier, ne s'enrichissent pas avec l'argent mais ne lâcheront pas. En rencontrant ces pures personnes tu te sens plus fort." glisse Fabien qui possède toujours ce regard tourné vers l'humain :"C'est une force inépuisable, je voudrais tant leur ressembler. Le handicap est une vraie cause."

L'exemple a une vraie valeur pour cet homme équilibré de 55 ans :" Les exemples nous font grandir. Jean-Michel Turlik par exemple le directeur de l'ESAT de Drancy a donné son âme tout comme Bruno Hennebelle le président de la Ligue qui m'impressionne. Quand il demande je fais car il a valeur d'exemple par son implication sans faille toujours et encore. Une énergie qui me sidère. "

" Le respect est une valeur un peu oubliée " 

Malgré sa réflexion liée à ce milieu adapté parfois très lent pour construire, le grand Fabien concède en souriant quelques impatiences de jeunesse :" J'ai beaucoup appris. J'étais vraiment virulent au départ en ayant compris des choses petit à petit. Bruno Hennebelle m'a ouvert la voie de la réflexion, la stratégie de communication que je ne possédais vraiment pas. Je m'appuie sur mon expérience de terrain et mon passé d'éducateur sportif mais je ne veux pas lâcher pour autant mes idées mises au service du 93. Je m'interroge parfois sur le soutien de la FFSA pour notre travail sur le terrain même si certains réalisent, comme Richard Magnette, un énorme travail pour la base."

Respectueux à l'extrême pour les dirigeants, les éducateurs, cet homme pur jus se veut être à l'écoute des gens motivés :"Nos sportifs nous aiment parce que nous les respectons. Le respect est une valeur un peu oubliée mais nous n'avons pas le droit de rendre les gens invisibles sans oublier les hommes de terrain, ces éducateurs investis comme Alexis Champin."

CAK un fabuleux ambassadeur 

Sans être rêveur, Fabien va sans cesse de l'avant comme le PRISME, un outil structurel au service du 93 mais qui ira au-delà pour favoriser le sport adapté et le handi. "Construisons une vraie famille dans la région avec des gens motivés." En s'appuyant sur le parcours du champion paralympique Charles-Antoine Kouakou qui a commencé dans l'association Sport Toi Bien 93, Fabien conclue dans le positivisme :" La réussite de CAK est vraiment touchante mais il a bénéficié d'un réseau favorable. C'est devenu un ambassadeur qui a mis la lumière sur le sport adapté grâce à ces hommes et femmes qui ont cru en lui et lui fournissant les outils pour conquérir cette médaille d'or. Cette communion autour de lui a été magique. " 

Avec sa générosité, son refus de l'injustice, Fabien est du genre à considérer que les petits effets font parfois des grandes causes. Une très belle histoire où le passé révélé en pointillé dessine le présent, plus apaisé.

Pascal Pioppi 

HAUT