L'enfance est souvent une petite éternité. Que l'on emmène avec soi comme une petite valise pour retomber dedans quand on arrive au bout du chemin. A 29 ans, Elodie Bugeja aime les couleurs de l'espoir, celles qui éclairent partout où elles passent. Le credo de cette jeune femme dans le vent, c'est la retransmission d'un savoir-faire et être pour les jeunes en difficultés. Le parcours de vie n'a pas été simple pour cette seine-et-marnaise :"J'étais hyper sérieuse, appliquée à l'école même si j'ai traversé des difficultés dans les études" Quand elle a 6 ans, son frère est diagnostiqué schizophrène :" Mes centres d'intérêts ont varié. Sa jalousie enclenchait de sérieuses crises. L'ambiance était conflictuelle à la maison et je n'étais guère rassurée avec des angoisses. La maladie n'était pas encore très connue et cela a été dur pour mes parents et aussi pour moi quand j'allais le voir en psychiatrie."  Ce lourd passé va peser sur sajeunesse. Elodie devient très discrète. Par rapport à ses camarades de classe le silence aussi est un apprentissage :"J'ai muri plus vite que les autres mais j'ai raté mes années lycée avec des études un brin perturbées."

" J'aime le sport adapté " 

Le sport va être une sorte de bouée de secours sur cet océan mouvementé. Elodie, découvre des bienfaits diversifiés dans la gym, le hand, le tennis de table et 6 années d'aïkido "cela m'a permis de maîtriser mon corps". Elle prend comme une bouffée d'oxygène supplémentaire les séjours en centres de loisirs avec la découverte d'une autre palette de sports. "Hélas j'ai été obligée d'arrêter ce sport qui me faisait tant de bien car je gérai difficilement mes études supérieures." Après un Bac L, place à une licence de cinéma, un Master pro réalisation et création et l'image l'attire. Elle réalise un documentaire sur son grand-père, bifurque vers l'Armée de terre, entre en section paras mais se blesse au poignet. Rédhibitoire pour continuer. Le sport l'attrape de nouveau par la manche "J'ai fait de l'intensif pendant un an pour entrer en STAPS activités physiques adaptées. J'étais plus à l'aise avec le retard mental que les troubles psychiques avec lesquels j'avais une appréhension."

Enseignante de badminton 

Elodie réalise un stage à Sport Toi Bien avec l'aide appréciée de Bruno Hennebelle et donne son premier cours de badminton "Au début je manquais de repères mais cela s'est fait naturellement. Je me sentais à l'aise dans la structure handicapée. J'apprécie ce contact vrai, sans filtre."

Elle entre alors comme CTF au Comité Départemental 77 Sport adptéa. Un département vaste et étendu. "J'étais un peu livrée à moi-même en me sentant un peu seule même si j'appréciais le terrain, créer des événements. La partie dossier et paperasse n'a jamais été mon fort. Et puis la COVID est passée "

Elodie entre comme éducatrice dans un IME mais se projette sur un poste d'AVS . Toujours cette volonté de venir en aide aux autres. "Depuis toute gosse je n'ai jamais pensé à moi en premier mais avant tout mon prochain." Avec son amoureux Philippe Gomes, lui aussi investi à la Ligue de Sport Adapté, le cap est mis sur le bénévolat : athlétisme à Torcy, Oxyt'ail, badminton à Lognes : " Je me sens bien Quand un enfant comme Mathis qui a beaucoup évolué réalise de tels progrès je me sens bien quand je rentre à la maison." La maman du jeune sportif ne tarit pas d'éloges :" Elodie est un ange tombé du ciel. Il était impensable il y a un an que mon fils réalise ce qu'il fait maintenant. "

Aider les familles en difficultés est actuellement une réflexion qui muri dans un nouveau projet. Cette grande fille discrète, qui a la particularité de ne jamais se mettre en avant, est une observatrice de la vie qui bouge autour d'elle. Cette amoureuse du cinéma, de lecture, jeux de société , dessin, qui pratique actuellement le yoga va reprendre sa caméra pour les Championnats du monde de foot adapté qui arrivent à grands pas. Derrière son outil de médiation elle collera son oeil curieux pour capter et mettre en valeur les aptitudes des autres. Un talent multiforme et une gentillesse effective. Cette fan de cinéma , femme de l'ombre, produit une bien belle lumière sur terre.

Pascal Pioppi