Arthur Bellitto dans les pas de CAK

par LSA IDF / 23 janv. 2023 à 08:59 Mise à jour 23 janv. 2023 à 18:47

" Son rêve, recevoir la médaille paralympique des mains de Michael Phelps " 

Arthur Bellitto est promis à un bel avenir sportif. Le jeune autiste a rejoint le club d'Antony 92 où évolue Charles-Antoine Kouakou. Vincent Clarico, l'entraîneur qui a mené CAK à l'or paralympique est une référence dans le milieu de l'athlé. 

Le point avec le papa d'Arthur, Marc qui donne à son fils les moyens de s'exprimer totalement par le biais du sport de haut niveau par un projet sportif mais aussi par la mise en place de structures nécessaires pour permettre au jeune athlète de s'épanouir complètement dans un choix de vie.

(Un jeune motivé qui aime l'athlétisme)

Marc, quel a été le parcours d'Arthur ?

   Arthur a passé la première moitié de sa vie aux Etats-Unis, dans le Maryland juste à côté de Washington DC. C’est là que son autisme avec TDAH a été diagnostiqué, et il a ensuite pu bénéficier d’une prise en charge précoce très efficace, notamment par le système scolaire. Il ne pratique alors pas de sport adapté, dont le développement est relativement limité aux Etats-Unis. Il a démarré la natation en cours individuels très jeune, pour des raisons sécuritaires, et à l’âge de sept ans il s’initie au taekwondo dans un club valide.

Quand commence l'aventure du sport adapté ?

   C’est donc à son retour en France, à l’âge de huit ans, qu’il découvre le sport adapté. L’association D’un corps à l’autre l’accompagne en natation, à Versailles, tout en l’initiant aux joies de l’équitation. Faute de solution adaptée en taekwondo, Arthur se reconvertit dans l’athlétisme. Il est rapidement repéré par la DTN de la FFSA, et invité à rejoindre un club labélisé en Normandie.

Et du côté du monde scolaire ?

    Sur le plan scolaire, Arthur est d’abord maintenu en milieu anglophone pour adoucir la transition. Il doit finalement basculer dans le système français à l’âge de dix ans. Lui qui était diagnostiqué non verbal apprend le Français en quelques mois, dans une école des Apprentis d’Auteuil.

Hélas, la fin du primaire signifie qu’il doit désormais rentrer dans le cadre d’un parcours ULIS de l’éducation nationale, bien moins adapté à son handicap. Sur le plan sportif, en revanche, tout va bien. En quelques années, il a raflé treize titres de champion de France SA et vingt-cinq meilleures performances nationales chez les jeunes, en plus de quelques podiums et réalisations probantes sur le circuit valide FFA. Devenu le plus jeune para athlète adapté de haut niveau à l’âge de quinze ans, il se consacre désormais à sa préparation paralympique en demi-fond.

(Des progrès fulgurants avec l'apport du Pôle et de son club)

Quel est l'apport du sport pour lui ?

   Depuis son plus jeune âge, le sport a été présent à chaque étape du développement d’Arthur. La natation d’abord, initiée pour des raisons de sécurité, mais qui lui permet de réaliser d’importants progrès sur le plan de la motricité et de la perception de son corps. Puis c’est le cours d’éducation physique, qui constitue à six ans sa première expérience d’inclusion scolaire aux Etats-Unis. Un an après, Arthur rejoint un club valide de taekwondo, pour sa première véritable expérience d’inclusion sociale réussie. Il évolue aux côtés d’enfants neurotypiques de son âge, casse les mêmes planches qu’eux et acquiert ses premières ceintures. Outre le plaisir et la confiance en soi, Arthur y développe ses aptitudes sociales. Il y apprend à maîtriser ses comportements inadaptés, et à appliquer des consignes successives parfois complexes.

(Un sportif complet)

La pratique sportive de haut niveau amplifie cet apport, jusqu’à devenir de façon indiscutable la meilleure thérapie d’Arthur. L’esprit compétitif est naturellement décuplé, et avec lui le sentiment d’assurance et la jouissance provoquée par la victoire et les titres. Ceci d’autant plus que ses performances sportives sur le circuit FFA lui valent une vraie reconnaissance par ses pairs valides.

Sport et autonomie font-ils bon ménage ?

   Les nombreux déplacements, nationaux d’abord, pour les compétitions et les stages Pôle, puis internationaux avec l’équipe de France, obligent Arthur à une plus grande autonomie et le responsabilisent, même s’il doit encore être accompagné du fait de son très jeune âge. Il progresse énormément dans la gestion de ses émotions, tandis que l’utilisation de stratégies et techniques d’entraînement de haut niveau permettent de développer ses fonctions exécutives.

Quel a été son cheminement sportif ?

   Arthur a décroché ses premiers titres valides dans les Yvelines en 2016, en devenant successivement champion départemental FFA d’épreuve de durée, puis de relais 4x400m. Il devient champion régional d’Ile-de-France en para cross adapté, puis para athlétisme adapté, quelques mois après. Il monte ensuite à plusieurs reprises sur le podium des championnats de France de para athlétisme adapté (quadrathlon), avec des performances remarquées sur 1.000m.

Quelles sont ses disciplines de prédilection ? 

   Il doit cependant attendre 2020 pour décrocher son premier titre de champion de France jeune (en para cross adapté), qu’il défend victorieusement en 2021 et 2022. Il y ajoute neuf autres titres nationaux, dans ses disciplines de prédilection en athlétisme : 1.500 m, 800 m, triple saut... En 2021, il complète cette incroyable collection avec l’or et l’argent national en natation (respectivement en brasse et en nage libre), avec une meilleure performance française à la clé. En athlétisme, c’est pas moins de 24 meilleures performances françaises qu’il réalise, dans ses classes d’âge successives .sur piste et en salle.

(Un habitué des podiums)

A quatorze ans, Arthur devient en 2021 le plus jeune para athlète adapté inscrit sur liste ministérielle (catégorie espoir). L’année suivante, il est le plus jeune para athlète adapté à accéder au haut niveau (catégorie relève), à la suite de son premier titre international de vice-champion d’Europe paralympique 2022 de 1.500m chez les moins de 17 ans (toutes classes de handicap confondues). Il honore cette première sélection en bleu avec France paralympique, en montant encore à deux reprises sur le podium des Jeux paralympiques européens de la jeunesse (400m, longueur).

 Avoir rejoint le Pôle France et le club d'Antony 92 avec CAK constituent-ils la meilleure trajectoire possible ?

   La filière française de haut niveau en para sport adapté, s’appuie plus que toute autre sur les clubs pour assurer le développement des athlètes. Et même totalement en ce qui concerne les jeunes en para athlétisme adapté. Alors en attendant que le Pôle d’athlétisme sport adapté emboîte le pas à ses confrères des autres para sports adaptés sur le chemin de la professionnalisation promise par le projet fédéral 2022-2025, il est rapidement apparu que le choix du club était crucial pour le développement et l’avenir sportif d’Arthur. Le trop grand éloignement du club labélisé proposé par la fédération en 2017, situé dans une autre région (Normandie), était de toute manière devenu financièrement insupportable malgré le soutien très généreux de la mairie de Chambourcy.

Antony 92 le club du champion paralympique était donc une évidence ?

   Dans ces conditions, l’opportunité qui s’est offerte à Arthur de rejoindre l’unique champion paralympique de sport adapté (Charles Antoine Kouakou) à Antony Athlétisme 92 a résonné comme une évidence. Il s’agit non seulement d’un des tout meilleurs clubs FFA de France, avec des entraîneurs de haut niveau dans quasiment toutes les disciplines de l’athlétisme, mais également le club le plus titré au niveau national en para athlétisme adapté. Avec Rodrigue Massianga d’abord, puis CAK aujourd’hui, Antony Athlétisme 92 a largement montré sa capacité à adapter les techniques d’entraînement du très haut niveau aux spécificités du para athlétisme adapté. Désireux d’étendre le champ de cette expertise rare du para sprint adapté au para demi-fond adapté, le club a très bien accueilli Arthur dès les premiers jours, en l’intégrant immédiatement dans son collectif d’athlètes de haut niveau, et dans son groupe très complet et bienveillant de demi-fondeurs.

(Le maillot tricolore fièrement porté)

Quelles sont vos ambitions à tous les deux ?

   Le rêve d’Arthur depuis plusieurs années c’est d’aller aux Jeux paralympiques, non seulement pour remporter l’or en demi-fond, mais surtout pour que ce soit Michaël Phelps -son idole absolue- qui lui remette sa précieuse breloque. C’est donc notre ambition de long terme à tous les deux. Et pour cela Arthur a la chance de bénéficier d’une dynamique particulièrement positive dans le para demi-fond adapté français. C’est d’abord Gaël Geffroy qui a ouvert la porte des Jeux paralympiques à Tokyo. Et puis c’est une toute nouvelle génération très talentueuse qui émerge et va pouvoir évoluer ensemble avec les Jeux paralympiques comme horizon. Cette génération FRA est composée de Florianne (F) Lantoine chez les filles, qui bien qu’étant la plus jeune semble déjà solidement calée sur la trajectoire paralympique ; Raphaël (R) Bosc est quant à lui le grand rival d’Arthur, même âge et même progression depuis 3 ans ; et enfin Arthur (A) dont les ambitions sont clairement affichées.

Le projet sportif est bien pensé, qu'en est-il pour l'autonomie ? 

  Au-delà du projet sportif, j’y vois surtout un véritable projet de vie pour Arthur. La société, et singulièrement l’éducation nationale française, ne semblent pas encore disposées à offrir beaucoup de perspectives d’intégration sociale et professionnelle aux jeunes autistes comme Arthur. Or le para sport adapté a ceci de particulier (en plus de la polyvalence de ses champions) que les carrières sportives peuvent y être beaucoup plus longues qu’en sport valide, avec des champions qui continuent à défendre leurs titres mondiaux à plus de 40 ans (voire même 50 ans en para tennis de table ou para ski adaptés). Et l’expérience montre que la pratique sportive de haut niveau permet de structurer de façon très efficace la vie de nos para sportifs listés.

Quels moyens recherchez-vous pour continuer à avancer ?

Pour atteindre cette ambition au long cours, notre souci immédiat est de trouver les moyens de décliner le projet sportif avec Antony Athlétisme 92 dans les domaines socio-éducatifs et du logement. L’objectif est de permettre à Arthur de poser les bases de sa vie sociale future, à l’endroit même où il peut pratiquer sa passion. L’appui très volontaire de la mairie d’Antony ainsi que du département des Hauts de Seine sur ces sujets est particulièrement appréciable. D’autant, qu’une fois de plus, la loi n’est pas respectée lorsqu’il s’agit d’autisme et de handicap. Les dispositions du code de l’éducation relatives aux aménagements appropriés pour les sportifs de haut niveau ne sont pas appliquées, pas plus que celles du code du sport régissant les obligations des Pôles France en matière éducative. Très concrètement, il n’est prévu aucun parcours de type sport études pour les jeunes para sportifs adaptés comme Arthur. Il revient donc aux parents d’essayer de compenser ce grave manquement. C’est notre ambition actuelle.

PHOTOS : ( Marie Lopez-Vivanco, Marc Bellitto)

Liens complémentaires - En savoir plus. 

 : Antony Athlétisme 92 : http://antony-athletisme.com/

Reportage France TV 19/20 national sur Arthur pendant les Jeux para de Rio (2016) dans :

 Arthur, 9 ans, prend confiance grâce au sport.

Plus d’informations sur les bénéfices de la pratique sportive d’Arthur sur les sites suivants :

Arthur, jeune champion autiste in Sport et Handicap psychique : penser le sport autrement. (2017). Champ social Editions, 141-150.

Plus d’informations sur le parcours de vie d’Arthur sur : :

.Tribulations d’un enfant autiste des deux côtés de l’Atlantique in Revue francophone d’orthoptie, 2016:9 (numéro spécial autisme), 171-175.

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